31 авг. 2009 г.

La quena à Paris - Кена в Париже

Франция, наверное, — наиболее впитавшая андскую музыкальную культуру страна в Европе. Там с 50-х годов появилось множество ансамблей этого направления. Во Франции в разное время обосновались одни из лучших музыкантов и коллективов, представляющих подлинную, не изуродованную разными "world music", "new age", "ethno" и "карибскими" влияниями музыку Анд с подавляющим индейским началом. Такие, например, как «Bolivia Manta» (Boliviamanta), Luzmila Carpio (работает послом Боливии во Франции), «Awatiñas» и другие прекрасные представители андского мира. Правда, времена меняются...

Здесь интересная французская статья о знакомстве с музыкой Анд в Париже 60-х. Рассказывается о появлении групп, играющих эту музыку во Франции, в том числе — о наиболее из них известной — французско-аргентинской группе «Los Incas».

Les chroniques latines de Paris
La musique andine - Années 60

La quena à
Paris

Mémoire d'un passionné


Didier est médecin, mais il aurait pu être musicien. A 6O ans il entretient toujours sa passion pour la quena, la flûte andine, qu'il a découverte au tout début des années 60, à Paris. Son témoignage éclaire l'influence de la musique andine sur le public français : une vague d'une vingtaine d'années qui trouve ses origines au début des années 50.

" J'ai découvert cette musique en 1963, quand j'étais étudiant, dans un bistrot qui s'appelait l'Ecureuil. Il existe toujours, rue Linné, en face de la faculté de Sciences (Jussieu). C'est devenu un restaurant du Sud Ouest, mais c'est toujours le même cadre. On appelait ce bar " Chez Adèle " du nom de la patronne qui était sicilienne. Il y avait des tas de gens qui jouaient à la guitare des airs latino-américains. "

A cette époque, Didier s'était procuré le premier disque du groupe Los Incas. Sur la couverture, un couple danse et deux musiciens jouent la quena. Instantanément, il tombe amoureux de l'instrument et cherche à se l'approprier : " J'ai entendu le son de cette flûte que j'ai trouvé magnifique. Je me suis dit : voilà ce que j'ai envie de jouer ".

Mais à l'époque la quena était quasi introuvable à Paris. Il n'y avait encore ni fabricants ni importateurs. On ne la jouait pas à l'Ecureuil non plus.

Los Incas : à l'origine de la musique andine à Paris

C'est là que Didier a commencé à aller à l'Escale, car c'était le seul endroit où on pouvait écouter la quena. Il découvre d'abord le cadre : " L'ambiance à l'Escale était un peu comme celle d'une boîte de jazz : des gens venaient prendre un verre et écouter la musique. On ne dansait pas. Il y avait une grande écoute. C'était un endroit unique et authentique : on y avait l'impression d'être à la source de la musique andine. "

Didier avait raison : Le disque de Los Incas l'a conduit à l'Escale ; il ne se doutait pas que dix ans plus tôt l'aventure de certains fondateurs du groupe avait commencé en ce même lieu. Parmi eux, un maître de la quena, l'argentin Carlos Ben-Pott.

D'après la légende, c'est à vélo que Carlos Ben Pott avait apporté la quena à Paris. Il était skipper argentin et il était venu représenter son pays aux jeux olympiques de Helsinki en 1952. Une fois les jeux terminés, Carlos Ben Pott ne rentre pas en Argentine ; il avait un seul objectif en tête : rejoindre Paris ! La ville était considérée par beaucoup comme la capitale culturelle du monde. Il prend alors un vélo et il fait le trajet depuis Helsinki avec la quena dans son sac.

Didier s'exclame : " C'était quelque chose ! Dans ces années il y a plein de gens qui ont fait des trajectoires extraordinaires et qui ont traversé le monde avec des moyens simples. C'était dans l'air du temps. "

Avec la quena, Carlos Ben Pott atterrit à l'Escale. L'atmosphère est magique : depuis peu quelques futures célébrités y jouaient le folklore sud américain, comme le vénézuelien Jesus Soto, véritable doyen du lieu. Mais c'est surtout ici que Carlos Ben Pott va rencontrer les musiciens avec qui il fondera le premier groupe Los Incas en 1956 : Narciso Debourg, Ricardo Galeazzi et Elio Rivero.
L'Escale en 1953
L'Escale en 1953. A gauche : Jesus Rafaêl Soto, puis Narcisso Debourg, le futur co-fondateur de Los Incas. On voit déjà Carlos Ben Pott avec sa quena, bien installé au centre. A l'autre bout : Paco Ibañez, le futur Brassens espagnol. Cette photo a été conservée et communiquée par Carlos Caceres-Sobrea (au centre, à la guitare).

Il y a eu ensuite quelques entrées et sorties : Ricardo Galeazzi a quitté Los Incas en 1958 pour fonder l'ensemble Achalay. Dès 1960, le leader du groupe sera Jorge Milchberg, joueur de Charango. En 1963, le groupe était composé de Carlos Ben-Pott, Jorge Milchberg et Carlos Guerra. Aujourd'hui encore Los Incas continue d'exister : " ils font encore des concerts et des disques. Ils sont 4 mais il n'y a plus que Jorge Milchberg qui est issu du groupe d'origine. "

La quena dans la rue

A l'Escale, en 1963, Didier guettait le moment où des musiciens jouaient avec la quena : " Je leur demandais de me la montrer, je regardais comment elle était faite, je prenais quelques mesures discrètement… et puis, avec ce que j'avais vu, j'ai fini par fabriquer ma première quena… Elle était si lourde que j'avais du y mettre une pièce pour appuyer le pouce gauche. Puis une deuxième, puis une troisième, ainsi de suite. J'arrivais à faire des quenas assez correctes. "

Le choix de la matière n'était pas important : " J'ai fabriqué ma première quena avec un tuyau de plomberie ! il y a des quenas en métal, en bois, en plastique, en os. C'était la forme qui comptait. Les quenas en os sont, paraît-il, très bonnes. Ce sont d'ailleurs les quenas précolombiennes en os qu'on retrouve actuellement dans les musées, car l'os se conserve longtemps. "

D'après Didier, la quena primitive était différente : " elle devait avoir quatre ou cinq trous au maximum. Celle qu'on utilise maintenant a 7 trous. Ma théorie personnelle est que cet instrument est le fruit d'un métissage de la flûte précolombienne et ce que les Espagnols ont apporté avec eux, c'est-à-dire la flûte baroque de l'époque. Cela a créé un nouvel instrument avec une échelle musicale intermédiaire, à partir de l'échelle pentatonique (constituée de cinq hauteurs différentes de son) qu'on retrouve dans toutes les musiques asiatiques. On pense d'ailleurs que le peuplement indien d'Amérique venait d'Asie. Ce qu'on joue sur la quena actuelle est une gamme pentatonique avec des notes ajoutées ; c'est ce qui explique qu'on peut jouer même du Bach là-dessus. "

Les quenas primitives, on peut en trouver seulement dans les musées. Mais c'est avec la quena en tuyau de plomberie que Didier est parti jouer la musique andine dans les rues de Paris : " On a formé un petit trio avec deux copains qui faisaient de la guitare, et on a commencé à jouer cette musique dans la rue, sur le boulevard Saint-Michel et au Sacré-Cœur. J'avais 18 ans. "

Le petit groupe improvisé a été bien accueilli par le public : " A l'époque cette musique était déjà très populaire. Los Incas passaient souvent à la radio. Certaines chansons étaient des tubes comme El Humahuaqueño qui a été reprise avec des paroles françaises et qui est devenue " la fête des fleurs ". Il y a eu des adaptations françaises de plusieurs autres chansons. Et comme il y avait peu de musiciens qui jouaient cette musique et qu'en plus on était les premiers à le faire dans la rue, ça a été un succès. "

Deux ou trois fois Didier a même joué la quena à l'Escale : " J'ai fait des remplacements. Certains soirs quand il n'y avait pas les musiciens habituels, La patronne (Louise) nous demandait de jouer. C'était juste comme ça, on n'était pas payé. "

Carlos Ben Pott fréquentait encore l'endroit. Un soir Didier l'a rencontré mais une certaine distance a plané sur ce contact : " Carlos Ben Pott me regardait un peu de haut quand même : j'étais le petit Français qui essayait de lui piquer sa musique ! "

Les autres maîtres de la quena

Didier se souvient d'autres maîtres qui ont marqué l'instrument :
" Le premier était Facio Santillan, un Argentin. Il jouait avec une virtuosité extraordinaire. Il a passé quelques années en France, a édité quelques disques, puis il est reparti en Argentine. Le second est Uña Ramos. Il vit toujours à Paris et il continue à fabriquer des quenas. Il faisait des concerts en soliste. "

Un autre Argentin, Alejandro Zarate, a fait un disque avec un groupe qui s'appelait Los Changos. Il y avait aussi Alfredo de Robertis, et d'autres…

Didier se souvient aussi du groupe Los Calchakis qui était à Paris à l'époque et qui donnait beaucoup de concerts.

Un groupe s'est distingué avec un style différent : c'était l'ensemble Achalay. Il a été fondé en 1958 par Riccardo Galeazzi qui venait de quitter Los Incas. Au sein d'Achalay c'est lui qui joue la quena. " Ils ont fait de bons disques chez BAM (Boîte à Musique), avec toujours les textes de pochette de Paris Zurini (qui à cette époque tenait un petit restaurant " L'Inca " juste à côté de l'Ecureuil). Ils avaient un très beau style : c'était moins la fête, mais plus quelque chose d'intérieur. C'était une musique assez proche de la musique classique, tout en restant dans la tradition latino-américaine. " Pas étonnant ! En quechua argentin, " Achalay " est une exclamation qui veut dire : " Que c'est beau ! ".

Plusieurs groupes français se sont formés par la suite autour de la musique andine : " Il y avait par exemple Los Chacos, avec Jean-Michel Cayre qui, je crois, enseigne toujours la quena et les musiques andines à Villeurbanne. Ils ont même pris des thèmes de Jean Sébastien Bach qu'ils ont arrangés à la sauce andine, c'était pas mal. Puis le groupe Pachacamac, très inventif aussi, avec Gérard Geoffroy à la quena. "
Parmi les Français Didier cite aussi Guillermo de la Roca : " il a hispanisé son nom. Il jouait très bien. J'ai quelques disques de lui. ".

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